O Jerusalem by Collins Larry

O Jerusalem by Collins Larry

Auteur:Collins,Larry [Collins,Larry]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Robert Laffont/Le livre de poche
Publié: 2013-10-04T04:00:00+00:00


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DES ŒUFS, DU SUCRE ET DU MATSOTH

LA mort d’Abdel Kader bouleversa toute la stratégie et l’organisation arabes dans le secteur de Jérusalem. Pour remplacer son neveu, le Mufti désigna un autre membre de sa famille, Khaled Husseini, ancien officier de police âgé de quarante ans. Mais celui-ci ne jouissait ni du magnétisme personnel ni de l’autorité nécessaire pour commander à la multitude de chefs qui encadraient des troupes disparates.

À l’heure où le prochain départ des Anglais rendait plus impérieux que jamais le rassemblement de leurs forces sous un commandement unique, les Arabes de Palestine étaient revenus au système des bandes isolées. Ibrahim Abou Dayieh, le paysan qui s’était battu à Castel, avait repris la tête du quartier de Katamon. Kamal Irekat, guéri de sa blessure, exerçait son autorité dans la périphérie sud. Mounir Abou Fadel, un inspecteur de police d’origine libanaise, était chargé du centre de la ville. Abou Garbieh, l’instituteur resté à Castel après la mort d’Abdel Kader, s’installa dans les quartiers nord. À cette mosaïque de responsables vint s’ajouter un employé de banque irakien de trente-quatre ans. Les cinq cents volontaires qu’il avait amenés faisaient de Fadel Rachid le chef de bande le plus puissant du secteur de Jérusalem.

Émile Ghory reçut la difficile mission de regrouper les débris des forces de la zone de Bab el Oued. Le nettoyage de l’Opération Nachshon et la disparition d’Abdel Kader avaient désintégré le dispositif mis en place pour bloquer la route de Tel-Aviv à Jérusalem. Sur les hauteurs, le massacre de Deir Yassin parachevait les efforts de la Haganah. Les villages se vidaient de leurs habitants. « Il n’y avait plus d’armes, plus d’argent, plus de moral », constatait amèrement Ghory. Il résolut de modifier la stratégie employée par Abdel Kader pour étrangler Jérusalem. Au lieu de provoquer tout le long du parcours une succession d’embuscades qui exigeaient des forces considérables, il décida de couper la route en édifiant un seul barrage énorme. Il fit le tour des banques de Jérusalem pour réunir dix mille livres sterling et partit lever de nouvelles troupes dans les villages encore épargnés par la contagion de l’exode.

Profitant du désarroi de l’adversaire, les Juifs avaient poussé trois convois importants jusqu’à Jérusalem. Le quatrième venait de quitter le camp de Kfar Bilou à l’aube du 20 avril avec près de trois cents camions. En plus du chargement habituel, il contenait des poulets, des œufs, du sucre et du matsoth, le pain sans levain pour la célébration de la Pâque.

Les camions transportaient aussi toute la brigade Harel du Palmach que le haut commandement venait de retirer des collines de Bab el Oued pour l’envoyer à Jérusalem. C’était une décision risquée puisque aucun village arabe autre que Castel n’avait encore été détruit le long de la route. Mais Shaltiel venait d’apprendre que les Anglais se préparaient en secret à évacuer certaines positions stratégiques de Jérusalem avant l’expiration du Mandat, vraisemblablement pendant les derniers jours d’avril. Il avait averti Tel-Aviv que c’était « une occasion inespérée de frapper un coup décisif ».



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